lundi 11 octobre 2021

Perséphone

Avant de traverser la maternité, j'ai bien pensé à charger ma barque de nouveaux projets, en prévision de mon retour a la terre ferme.


Comme d'habitude, j'ai préparé pour l'année suivante tous les projets qui allaient me nourrir. Perséphone fait partie de ceux-là. Un projet de spectacle dessiné avec le trio Nouk's, une histoire passionnante d'émancipation d'une enfant qui résonnait en moi d'une façon toute particulière. Des enfers, des découvertes, des paysages, un personnage qui grandit, un personnage qui déprime, des monstres, un chien a trois têtes... Un projet blindé de possibles.




Il fait sa première le 5 novembre prochain au Polaris (près de Lyon) et ça va être vraiment très chouette. Les textes, le jeu, la musique, l'univers, la mise en scène, les décors, les costumes, la lumière... Tout a été travaillé avec le plus grand soin de vous faire voyager vraiment loin de vos habitudes !





Je me balance des fleurs ?
Non. Parce que ce n'est pas moi qui serait sur scène
pour vous raconter ce récit.
Ma barque a pris la boue en cours de route,
parce qu'entre la naissance et la terre ferme,
il y avait l'immense marécage du post-partum.
Parce-qu'avoir une vie professionnelle
et une vie familiale naissante en même temps,
ce n'était pas compatible pour moi
(et pour de nombreux parents en fait.)


Je me balance des fleurs autour de la petite tombe que forme cette barque pleine de projets que j'ai dû laisser en plan cette année-là. Ça a été dur de voir tous ces voiliers prendre la vie a pleine brassée, avancer loin, devenir des petits points, et d'être là à patauger avec ma santé mentale et le maternage.




J'ai mis un pied devant l'autre, jusqu'à ce que je sente le sable chaud sous mes pieds et que je vois les pas de mon enfant bifurquer. Que je puisse m'arrêter un peu pour voir que j'étais arrivée quelque part. Pas là où je pensais, mais dans un endroit assez stable pour se poser et faire à nouveau des projets.



Je vous partage les petites choses qui restent de ce projet (qui a bien changé aujourd'hui car il a été repris par un artiste talentueux), parce que même si elles restent un interlude dessiné dans une période vraiment difficile, elles m'inspirent encore beaucoup de tendresse.







vendredi 18 juin 2021

Des petits dessins en attendant les grands...

 J'écris des trucs, des fois, le soir, quand le petiot tète. 

C'est en tout petit sur le téléphone, c'est pas super pratique, c'est chiant à relire. À chaque fois je me dis "demain, je le retape sur l'ordinateur et je le publie". Et puis demain, reste demain. Pas que je procrastine, mais aujourd'hui est toujours bien rempli et demain continue d'attendre son tour.

Alors en attendant que demain et aujourd'hui se mettent d'accord pour se partager un peu les tâches, je vous partage quelques croquis plus ou moins récents.

 

Ceux-ci sont d'après photo, réalisés pendant un cours de pochades en compagnie de mes étudiant.e.s :






 

Et ceux-là des "présentiels" (haha.) :






lundi 15 mars 2021

#01 De l'autre côté.

Nous y voilà. 

De l'autre côté de ces 94 pages de storyboard. 
De l'autre côté de ces 17 premiers mois de maternité. 
 
Je ne fais pas ici de métaphore, dessiner une bande dessinée n'a rien d'une gestation passive, c'est un travail constant. Je parle bien de la maternité qui transforme une femme en maman. 

J'ai signé ce projet au début de ma grossesse. Petit Saint Graal qu'il me tardait d'aborder. La fatigue infernale de la gestation a retardé ce moment, et puis, bien sûr, l'arrivée de l'enfant qui a redistribué toutes les cartes... Je ne m'attendais pas à ce que ce petit électron devienne en fait le noyau d'une nouvelle vie. Une priorité qui surpasse toutes les autres. 

Oui toutes. D'abord celles de dormir, manger, faire pipi, se laver... 
Et puis aussi celle de dessiner. 
Toutes les cartes sont reparties dans le distributeur et me reviennent au compte goutte. À coup de conquêtes. Comme des territoires à redécouvrir pour qu'ils existent à nouveau.

Revenir au dessin a été difficile. Moi qui croyait que ce serait évident tant cela m'habitait. Un peu comme on croit évident l'amour qu'on portera à son enfant. Et puis non. Il faut se séduire à nouveau, apprendre à se reconnaître dans les traits, se surprendre de savoir déjà des choses, de ne pas avoir oublié. Et faire aussi le douloureux constat de s'être oubliée si longtemps.

Alors ces 94 planches de storyboard, c'est un peu une petite montagne de fierté. Une lente reconquête d'espaces fertiles d'envie et de confiance.