Nous y voilà.
De l'autre côté de ces 94 pages de storyboard. 
De l'autre côté de ces 17 premiers mois de maternité. 
Je
 ne fais pas ici de métaphore, dessiner une bande dessinée n'a rien 
d'une gestation passive, c'est un travail constant. Je parle bien de la 
maternité qui transforme une femme en maman. 
J'ai
 signé ce projet au début de ma grossesse. Petit Saint Graal qu'il me 
tardait d'aborder. La fatigue infernale de la gestation a retardé ce 
moment, et puis, bien sûr, l'arrivée de l'enfant qui a redistribué 
toutes les cartes... Je ne m'attendais pas à ce que ce petit électron 
devienne en fait le noyau d'une nouvelle vie. Une priorité qui surpasse 
toutes les autres. 
Oui toutes. D'abord celles de dormir, manger, faire pipi, se laver... 
Et puis aussi celle de dessiner. 
Toutes
 les cartes sont reparties dans le distributeur et me reviennent au 
compte goutte. À coup de conquêtes. Comme des territoires à redécouvrir pour qu'ils existent à nouveau.
Revenir
 au dessin a été difficile. Moi qui croyait que ce serait évident tant cela m'habitait. Un 
peu comme on croit évident l'amour qu'on portera à son enfant. Et puis 
non. Il faut se séduire à nouveau, apprendre à se reconnaître dans les 
traits, se surprendre de savoir déjà des choses, de ne pas avoir oublié.
 Et faire aussi le douloureux constat de s'être oubliée si longtemps.
Alors
 ces 94 planches de storyboard, c'est un peu une petite montagne de 
fierté. Une lente reconquête d'espaces fertiles d'envie et de 
confiance.
 

